Chevaux et cavaliers
J’ai faim, j’ai tellement faim d’Invisible. Il est bien vrai que, notre âme n’étant pas finie, elle aspire à ce qui est Inaccessible, à l’Illimité. Qui pourrait la freiner dans son élan ? Qui ou quoi pourrait brider ce cheval à la puissante foulée, si épris du lointain qu’il voudrait s’y fondre ?
(Journal 1996)
Alors que j’étais assis dans l’herbe du jardin, j’ai vu devant moi un cheval blanc pareil à un cygne Il était encadré par deux arbres jumeaux semblables à des rimes sveltes Il s’est tourné vers moi et son fin visage a pris une expression pensive N’était-il pas descendu ici-bas pour m’aider dans ma peine, ma dévorante peine ? Pourquoi ne le comprenais-je pas ? Pourquoi n’allais-je pas vers lui en toute spontanéité, comme vont vers leur maître les chiens fidèles ou comme voyagent vers la source les truites nostalgiques ? Mon désir n’était-il pas encore assez affûté ?
(L’aile pourpre)