Le dernier rayon

Au crépuscule, ce sont les arbres qui les premiers sont investis
par la nuit proche. Le ciel est encore d’un bleu gris,
quand toute leur masse – du tronc à la cime –
est d’un noir sans failles, un noir d’eau-forte qui fouette
durement le jour exsangue. A peine si, au sommet de quelques arbres,
le soleil couchant pose un dernier rayon orange,
tellement las qu’on a peine à le voir. Et pourtant on le devine,
oui, c’est de l’ordre du pressentiment, car il pourrait ne pas être,
il est très proche de n’être pas et se manifeste comme tel,
magique ambivalence. Les feuilles le reçoivent sans passion,
et même avec une neutralité prudente, car la nuit est sur elles.
Il demeure néanmoins, cerné par le noir qui le dissout lentement,
vague auréole rousse qui possède encore  – pour qui sait voir –
des velléités  d’inflammation. Il se meurt, mais d’une mort qui n’en finit pas,
une mort inextinguible.

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