Les mots

21.08.2010

Tous ces mots, tous ces mots recouvrent la Parole.
Il suffirait d’un seul acte pour briser le pullulement trompeur des mots.
Pourquoi le différer ?

Plonge ta main dans l’essaim des mots et mets la main, en dépit des piqûres,
sur le miel de la Parole. En auras-tu le courage ?

Il faut forcer les mots, les acculer dans leurs ultimes retraites,
afin qu’ils dégorgent le miel dont ils sont pleins,
ce miel d’outre-monde produit par des abeilles éblouies.

Ces mots, tous ces mots brillent en moi comme des noyés
phosphorescents. Je suis la mer qui les abrite.
Je suis l’habitacle profond de leurs douleurs embrasées.

Les mots ne m’importent pas tant. En réalité, je pense surtout
à ce dont ils sont l’avant-garde, l’immense armée des virtualités,
et plus encore au lieu que cette armée protège et masque,
l’impossible place-forte, la cité interdite.

Marchant dans l’étendue, nous ralliâmes à nous ce qui était
sans forme, déliquescent, et en fîmes d’éclatants tournois de mots
s’affrontant pour une Belle insaisissable.

(Journal 1996)

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