le cerf invisible,
grand, panaché de merveilles,
circule en moi parmi les ronces,
les broussailles, les baies vénéneuses,
et jamais son pas ne s’altère,
son flamboiement ne s’use,
ses bois ne pâlissent,
malgré l’obscur voisinage
il cherche la biche errante
au pelage d’yeux et de soie
que les arbres dissimulent
à son regard inquisiteur
si la biche se cache, c’est par désir
de retrouvailles plus profondes
parmi l’éclat des joyaux du temps
épris de l’éternité
elle saute de taillis en taillis,
de monde en monde,
suivie d’une brume de pluie,
attirant le cerf qui, pour elle,
pour mieux la reconnaître,
se transforme insensiblement
de poursuivant en amant