Enfance…

Il est né, l’enfant au mille yeux Il est sorti du ventre énorme où pourrissait sa joie muselée, il a renoué avec l’espace de son désir Comme un nuage, il file dans le ciel d’été De sa bouche sortent les étoiles du chant, en rondes tourbillonnantes, constellations légères  (L’Aile pourpre, p. 53)

« la joie est un enfant jouant dans la lumière »
encre/aquarelle – 32 x 24 cm

 

Dans le Pays de Joie, la pesanteur n’existe pas Tout est léger, aérien
et  fluide à la fois Une sorte de lac qui est en même temps un ciel
Les poissons du désir y voisinent avec les cerf-volants de l’imagination
Une incroyable concorde règne, grâce à une lumière éblouissante qui
lie  entre eux les êtres de ce royaume, qui les embrasse avec prodigalité,
dans le libre jeu, le libre déploiement de son amour infini Elle émane
d’un soleil situé au centre du Pays, et dont l’éclat est d’une
évidence
(ou d’une vérité)
  poignante, ineffable.  (l’Aile pourpre, p.57)

 

La petite fille et la joie
encre/aquarelle – 58x44cm

 

encre, aquarelle et pastel – 35 x 24 cm

« LA VIE VERTICALE « 

 

 

Par ailleurs, ma vie est verticale. Ma vie est une totalité verticale. Il faut rompre avec cette vision horizontale des choses qui privilégie la chasse, sur une mer plate, d’une impossible proie. Il ne faut plus chasser la vie devant nous. Il faut cesser d’user de ces yeux de tueurs. Chacun de nos regards vers l’avenir plante un harpon de plus dans notre vie présente, notre seule vie. Ah, comme les enfants sont heureux, qui savent que la vie se dresse tout entière vers le haut, pareille à une fontaine
Oui, c’est ainsi, la vraie vie, la vie réelle jaillit vers le haut et nous sommes une de ses infinies gouttelettes. Mais nous avons oublié cela. Nous tâchons de le réapprendre.
Cette vie jaillissante et profuse, je pourrais lui donner un autre nom, je pourrais l’appeler : Foi. Car la foi est l’essence de cette vie. Elle en est le soleil, l’élan vers le haut et la multitude infinie des mondes légers.
(Journal 1995)

 

La rivière et l’enfant

 Mille diamants s’éparpillaient sur la rivière, en une profusion joyeuse Et moi qui me baignais, j’étais l’un d’eux, je n’étais pas plus grand et pas moins éclatant qu’un diamant L’eau venait vers moi avec cette vivacité heureuse qui la caractérise, elle, la toujours-jeune, la vierge éblouissante, puis elle m’entourait de ses bras légers pour que je brille avec plus d’éclat encore N’étais-je pas son enfant qui voulait grandir sans frein, parmi l’étincellement de ses frères, et ne m’aidait-elle pas à croître, grâce à l’huile du consentement dont elle imprégnait  mon âme autrefois déchirée par les cailloux du remords et maintenant pacifiée, baignant dans une lumière sans lacunes ? (l’Aile pourpre, p.36-37)

 

sans titre

C’est alors qu’il (l’enfant) se rendit compte qu’il était devenu muet : ses lèvres ne parvenaient à former aucun son distinct, signifiant. Sa pensée même ne se scindait plus en termes séparés. Autrement dit, elle ne battait plus des ailes pour se mouvoir, mais se contentait de planer, tel un aigle se servant d’un puissant courant d’air. Cette constatation ne l’affligea pas, bien contraire. Comme c’est beau d’être muet, pensa-t-il (et cette pensée fusa à l’infini). Enfin, enfin, enfin, je romps avec le mensonge du langage, cette vipère tortueuse, ce brandon de discorde qui me séparait des autres, du monde. Car il avait compris que son mutisme était d’un ordre supérieur – non pas celui de la bête, mais celui de l’homme régénéré, du saint, de l’ange. Ces derniers ne divisent pas leur pensée en mots, comme une mer que l’on introduirait dans d’étroits canaux pour qu’elle serve au commerce fluvial ou puisse permettre le passage de flottes de guerre, ou encore tiennent lieu de frontières entre les peuples. Non, le saint ou l’ange sont très au-dessus d’une telle capitulation et domestication de leur pensée : même exprimée, celle-ci garde une parfaite intégrité, elle s’avance dans le monde à la façon d’un dirigeable flambant neuf, à la nacelle dorée, qui passe tel un souffle silencieux entre les nuages…
(
extrait d’un récit inédit)

Un commentaire sur “Enfance…”

  1. […] donc visité d’abord le thème de l’enfance en mots puis en image. J’ai été vivement secouée et mon âme a automatiquement basculé vers la méditation et […]

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